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L'éducation aux droits de l'homme et
Reperes, un bref guide à l'usage des praticiens >
L'utilisation de REPERES à travers l'Europe |
L'utilisation de REPERES à travers l'Europe
Qu'est-ce que l'Europe et
que recouvre-t-elle géographiquement?
Les historiens nous rappellent qu'à l'origine, dans la
Grèce antique, le concept d'«Europe» recouvrait
probablement ce que nous appelons aujourd'hui les Balkans. Aujourd'hui,
l'Europe est une zone beaucoup plus importante; mais elle n'en
est pas pour autant plus facile à définir. L'Europe
politique consiste dans un immense territoire de plus de dix millions
de kilomètres carrés qui s'étend jusqu'à
l'Asie. Sur le plan climatique, le continent européen va
du subtropical dans certaines régions du Sud au polaire
dans les parties nordiques. L'Europe abrite plus de 200 langues
vivantes, et des locuteurs d'un nombre d'idiomes encore bien supérieur.
Elle englobe une cinquantaine d'Etats dont la population totale
approche les 800 millions de personnes.
Toutes les grandes religions sont également représentées
à l'intérieur des frontières européennes.
L'Europe est associée à la naissance de la démocratie,
mais aussi aux pires formes de fascisme et de totalitarisme que
le monde ait jamais connues. Le passé de l'Europe est marqué
par l'Holocauste, le colonialisme et l'esclavage et, à
l'heure actuelle, ce continent abrite suffisamment d'armes nucléaires
pour effacer toute vie de la surface de la planète. Mais
l'Europe est également le cadre annuel de la remise du
Prix Nobel de la Paix; elle a créé une Cour permanente
des droits de l'homme qui fait l'admiration du monde entier.
Les pays européens
Aujourd'hui, on compte parmi les Etats européens des
nations vieilles de moins de dix ans et des pays dont les frontières
ont à peine changé depuis plusieurs siècles.
Certains pays évoluent encore, du fait de conflits qui
remettent en question leurs frontières. Ainsi, certains
peuples européens subissent des violences et des affrontements
quotidiens, tandis que, sur ce même continent, beaucoup
d'autres peuples connaissent la paix, la sécurité
et souvent même la prospérité.
Qu'est-ce qui fait qu'un pays puisse être qualifié
d'européen?
Dans tous les pays européens, il y a des millionnaires
et des milliardaires, mais aussi des millions de personnes qui
vivent en dessous du seuil de pauvreté. La diversité
est une constante d'une part au sein de chaque pays européen,
et d'autre part entre les nations de ce continent. On peut être
professeur dans une certaine partie de l'Europe et percevoir en
un jour un salaire plus important que le revenu mensuel d'autres
enseignants dans d'autres régions de l'Europe. Dans telle
autre région encore, un enseignant ne sera peut-être
pas du tout payé pendant plusieurs mois d'affilée.
L'Europe est, en vérité, un espace des plus divers.
Une Europe? Deux Europe...?
Peut-on dire, pour simplifier, qu'il y a une Europe occidentale
et une Europe orientale? Une Europe du Nord et une Europe du Sud?
Ou les quatre à la fois? Et que dire de l'Europe centrale?
Peut-on diviser le continent en une Europe chrétienne d'une
part, et une Europe musulmane, de l'autre?
Ou encore, y a-t-il une Europe riche et une Europe pauvre?
Une Europe pacifique et une Europe déchirée par
la guerre?
Une Europe qui a accédé à
la démocratie, et une autre, ravagée par le totalitarisme?
Une Europe de gauche, et une Europe de droite, une Europe américanisée
et une Europe «soviétisée» ?
A quelle
«partie» de l'Europe appartenez-vous? Etes-vous caractéristique
de la région en question?
Si l'un ou l'autre des ensembles définis ci-dessus est
pertinent - ou tout au moins utile à identifier les besoins
propres aux différentes populations situées d'un
côté ou de l'autre des frontières de chaque
ensemble -, tentez de voir si certains des groupes énumérés
ci-après correspondent à ces ensembles plus généraux.
Les besoins propres à chacun de ces groupes sont-ils
conformes aux besoins types du pays en général ou
de la région d'Europe concernée?
- Des hommes d'affaires des Balkans.
- Des communautés bengalis des quartiers Est de Londres.
- Les populations sujettes à des violences terroristes
au Pays basque ou en Irlande du Nord.
- Des agriculteurs dépendants du climat, en Espagne,
en Italie, en Roumanie ou encore en Géorgie.
- Des Roms de Hongrie, de Slovaquie, de Grèce ou de
France.
- Des islamophobes ou des antisémites allemands, russes,
lituaniens, scandinaves, polonais ou originaires de tout autre
pays européen.
- Des communautés de pêcheurs d'Ecosse, de Norvège,
de Croatie ou d'Estonie.
- Des travailleurs immigrés, en Belgique ou en Finlande.
- Des réfugiés et des demandeurs d'asile en Ukraine
ou en Pologne.
- Des musulmans, des hommes politiques, des militants des droits
de l'homme, des enseignants, des animateurs de groupes de jeunes,
des personnes de petite taille, des chauves, des mères
ou encore des femmes sans enfants.
Ces catégories montrent bien qu'aucun des ensembles définis
ci-dessus n'est clairement délimité ou approprié
pour pouvoir rendre compte de la multiplicité de chaque
pays européen, de chaque collectivité et, a fortiori,
de chaque personne. Il est des besoins communs à toute
l'Europe, mais aussi des besoins différents à l'intérieur
de chaque collectivité restreinte, dans chaque pays d'Europe.
L'Europe, et chacun des pays qui la composent, sont en eux-mêmes
des microcosmes, faits d'une grande diversité sociale et
culturelle.
Un manuel pour l'Europe?
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«
ils sont d'abord venus chercher
les communistes; je n'ai rien dit parce que je n'étais
pas communiste. Puis ils ont pris les Juifs; je n'ai rien dit
parce que je n'étais pas juif. Ensuite, ils sont venus
chercher certains ouvriers syndicalistes; personnellement, je
n'étais pas membre d'un syndicat. Ils sont revenus, pour
prendre les catholiques; je n'ai toujours rien dit, parce que
j'étais protestant. Enfin, ils sont venus me prendre
et il ne restait plus personne pour élever la voix.»
Le Pasteur Martin Niemoller
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Dès lors, pourquoi écrire
un manuel pour l'ensemble de l'Europe? Peut-il suffire à
répondre à l'ensemble des besoins des divers peuples
d'un continent aussi riche et aussi mêlé?
La présente section de l'ouvrage propose quelques réponses
à ces questions, ainsi que des modes d'approche des difficultés
que les auteurs ont rencontrées. Le manuel veut également
illustrer notre conviction que ce type de travail était
non seulement réaliste, mais aussi tout à fait nécessaire.
Après tout, la culture européenne est non seulement
très diverse mais aussi, à maints égards,
commune à l'ensemble du continent. L'identification des
points communs - qui éclaire aussi nos différences
- importe tout autant que la sauvegarde de nos identités
très distinctes.
Avez-vous été en relation avec d'autres groupes
de jeunes dans d'autres parties de l'Europe? Qu'est-ce que votre
groupe avait en commun avec les autres?
Les droits de l'homme, facteur commun
Le concept des droits de l'homme est, sur le plan historique
comme idéologique, à l'origine de la fondation du
Conseil de l'Europe. Il fait précisément partie
de ces points communs qui relient les différentes parties
du continent européen. Certes, les droits de l'homme ne
sont pas une exclusivité européenne mais, à
ce jour, ils sont certainement l'un des facteurs majeurs d'unité
et d'unification du continent - et ils le seront de plus en plus
avec l'élargissement du Conseil de l'Europe.
Chaque Etat ayant officiellement adhéré au Conseil
s'est engagé à respecter les libertés et
les droits fondamentaux inscrits dans la Convention européenne
de sauvegarde des Droits de l'Homme et des Libertés fondamentales.
Cela signifie que les droits et libertés de chaque citoyen
des différents Etats européens sont, au moins dans
une certaine mesure, protégés par l'ensemble
de la communauté européenne.
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Une
injustice quelque part, c'est une menace pour la justice partout
dans le monde.
Martin Luther King
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Cependant, malgré l'existence et
l'action de la Cour européenne des Droits de l'Homme, la
protection des droits individuels ne peut être réelle
et concrète que si chacun contribue de manière active
au respect de ces droits. Par conséquent, le citoyen doit
avoir connaissance des droits de l'homme; il doit être en
mesure de les défendre en cas de violation et de les respecter
lui-même dans la vie quotidienne. C'est là, précisément,
la mission de l'éducation - mission qui incombe à
l'Europe dans son ensemble.
Des citoyens du monde
Savoir comment défendre et protéger nos droits
personnels est important mais pas suffisant. Les auteurs du présent
manuel partent du principe que les droits de l'homme sont un problème
mondial et que, en tant que citoyens du monde, les jeunes
Européens doivent en avoir conscience afin que ces droits
soient respectés non seulement dans leur propre environnement
mais aussi dans le reste du monde.
Il est évident que chaque pays européen a le devoir
d'améliorer la protection des droits de ses citoyens. Et
il n'est pas un seul pays qui puisse se vanter d'être totalement
«blanc» en matière de non-respect des droits
de l'homme. Mais, fondamentalement, l'éducation aux droits
de l'homme concerne non seulement nos droits, mais aussi
ceux des autres. C'est pourquoi, tout en s'attachant d'abord à
sensibiliser les jeunes Européens à ces problèmes,
afin de leur permettre d'améliorer leur environnement immédiat
en la matière, le présent manuel s'est également
donné pour objectif d'encourager ces jeunes à s'intéresser
à la question des droits de l'homme à l'échelle
mondiale, et à analyser notamment l'impact éventuel
de leur comportement en la matière.
Dans le monde entier, et tout particulièrement sur le
continent européen, les jeunes se sont toujours généreusement
consacrés à la cause des droits de l'homme et de
l'éducation dans ce domaine. Dans les périodes de
fascisme et de totalitarisme, les jeunes et notamment les étudiants
ont souvent été à l'avant-garde des manifestations
et des actions de lutte contre l'oppression et la répression;
et les organisations et associations de jeunesse ont toujours
joué un rôle essentiel dans le rapprochement de l'ensemble
des jeunes Européens, et dans la défense de leurs
droits. Les organisations internationales non gouvernementales
de jeunesse ont souvent contribué à tisser des liens
et à instaurer une véritable solidarité entre
tous les jeunes, en Europe et ailleurs. Une telle approche est
fondée sur les idéaux de solidarité, de coopération,
de paix et de respect des droits de l'homme.
Il est temps d'élargir cette expérience et ce
travail à l'ensemble des jeunes Européens et de
sensibiliser chacun au problème des droits de l'homme,
aussi bien sur notre continent que dans le reste du monde.
Nous devons uvrer à une meilleure compréhension
de notre contribution à la protection des droits de tous
les citoyens du monde. C'est là, également, un défi
que l'Europe doit relever.
Un rêve européen
Nul ne souhaite que les différents pays et cultures d'Europe
perdent leur identité propre. Cela étant, en concevant
le présent manuel, l'une de nos motivations a été
qu'aucune culture européenne - ou même, en
l'occurrence, mondiale - ne peut être hostile à l'épanouissement
de la culture des droits de l'homme, ou atteinte de manière
négative par un tel développement. En réalité,
les valeurs liées aux droits de l'homme sont présentes
dans tous les pays et cette «culture» ne demande qu'à
être renforcée, afin que chacun puisse apporter une
contribution positive à ce combat.
Nous avons également formé un autre espoir. Nous
avons espéré que ces intérêts et ces
efforts communs puissent contribuer au rapprochement de tous les
jeunes Européens, les aider à se considérer
d'égal à égal, à partager des réalités
communes et la responsabilité de l'avenir de notre continent.
Ainsi, peut-être la Sibérie pourra-t-elle se joindre
au Portugal pour défendre les droits de la femme; peut-être
les jeunesses d'Albanie et du Luxembourg pourront-elles créer
un site Internet commun afin d'attirer l'attention du monde entier
sur le travail des enfants; ou peut-être encore les écoles
de Malte et du Danemark pourront-elles organiser ensemble et simultanément
des manifestations de rue afin de mettre en lumière les
mauvais traitements infligés à l'école, dans
différents pays. |
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«La persévérance est
plus forte que la violence; bon nombre d'éléments
que l'on n'arrive pas à surmonter s'ils sont pris en bloc
vont plus facilement céder si on les traite un par un.»
Plutarque
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Les jeunes se préoccupent de tous
ces problèmes et peuvent mener le combat. Ils peuvent ainsi
donner tort à tous ceux qui leur reprochent leur individualisme
ou leur apathie - ce que l'on a toujours reproché à
toutes les générations, depuis des siècles.
La jeunesse d'aujourd'hui peut également contrer toux ceux
qui affirment qu'il n'y aurait pas d'alternative aux solutions
actuelles; en un mot, les jeunes peuvent donner un nouvel élan
au combat pacifique des droits de l'homme, à l'échelle
planétaire. En d'autres termes également, les jeunes
ne sont pas seulement le groupe-cible de ce manuel: ils sont notre
principal espoir et notre principale richesse.
Le travail de jeunesse
et la représentation des jeunes
Bien que les activités suggérées dans le
présent ouvrage aient été conçues
pour pouvoir s'adapter aux structures éducatives formelles,
l'objectif essentiel des auteurs était de proposer un manuel
utilisable avant tout par les animateurs de groupes de jeunes,
à l'extérieur du système éducatif
formel. Mais il est évident que ce type de travail varie
considérablement, dans sa nature et dans sa portée,
d'un pays à l'autre. Cependant, en proposant différents
types de méthodes et différents thèmes à
aborder, nous avons voulu avant tout répondre aux besoins
divers des groupes et associations de jeunesse pouvant exister
dans chaque pays européen. La gamme des activités
suggérée par le manuel devrait être pertinente
et utile aussi bien pour les clubs extra-scolaires, les groupes
de scouts, les groupes de jeunes d'action paroissiale, les clubs
universitaires, les groupes de défense des droits de l'homme
et les clubs d'échange, que pour tous ceux qui opèrent
dans des cadres plus formels.
En ce qui concerne le travail de jeunesse, l'objectif essentiel
est l'épanouissement individuel et social des jeunes gens
concernés. Aussi les activités proposées
dans ce manuel sont-elles peut-être plus axées sur
cette dimension que sur la mission traditionnelle de l'éducation,
c'est-à-dire l'acquisition d'un savoir. Dans la conception
même de ces activités, il importait de veiller à
susciter concrètement l'intérêt des jeunes
et d'avoir recours à un apprentissage par expérience
directe des problèmes, afin d'éveiller un sentiment
véritablement affectif vis-à-vis du concept de respect
des droits de l'homme, notamment chez les jeunes relativement
moins sensibles à ces questions dans le cadre éducatif
classique.
Avez-vous recours à l'apprentissage expérientel?
Dans les structures et institutions éducatives où
l'enseignement est davantage orienté vers l'accumulation
de connaissances que vers l'expérience concrète
ou l'acquisition de compétences pratiques, l'approche dont
nous voulons parler ici est peut-être moins connue. C'est
la raison pour laquelle, dans le Chapitre intitulé «Repères,
Mode d'emploi» , nous proposons des bases utiles et une
information fondamentale sur l'optique choisie. C'était,
nous semble-t-il, une nécessité importante afin
de s'assurer que le manuel serait accessible non seulement aux
jeunes Européens, mais aussi aux enseignants, aux médiateurs
et aux animateurs de groupes peut-être moins au fait de
certaines méthodes.
Nous espérons en toute modestie que le présent
ouvrage pourra établir des passerelles méthodologiques
entre l'éducation formelle et non-formelle. Que le cadre
soit formel ou non, il est essentiel de faire participer les jeunes
auxquels on s'adresse - notamment dans ce domaine des droits de
l'homme, où l'engagement et la participation active sont
un facteur primordial. Du fait de ce caractère participatif,
chaque activité proposée par le manuel vise à
sensibiliser les jeunes, de manière intéressante
et attrayante, au problème général des droits
de l'homme, dans quelque environnement que ce soit.
De quelle manière faites-vous participer les jeunes
aux activités que vous avez conçues à leur
intention? |
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«Les jeunes ne sont pas seulement
l'avenir
ils sont aussi le présent.»
Déclaration
faite par des enfants et jeunes gens lors de la consultation de
l'Europe et de l'Asie centrale dans le cadre de la Session extraordinaire
des Nations Unies consacrée aux droits de l'enfant
Budapest, 2001
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Un autre axe choisi était de permettre
aux jeunes d'apporter leur contribution personnelle et positive
aux problèmes qui les concernent. C'est la raison pour
laquelle une des parties du présent ouvrage s'intitule
«Agir» . A cet égard, il faut noter que
la plupart des suggestions faites dans cette partie spécifique
du manuel ne se limitent en aucune manière au «militantisme»
des droits de l'homme; en effet, il s'agit pour la plupart d'activités
traditionnelles du type de celles menées par les groupes
de jeunes dans des domaines autres que celui des droits de l'homme.
C'est, en fait, le type d'activités qui a toujours directement
intéressé les jeunes.
La Convention relative
aux droits de l'enfant
Tous les pays européens ont signé et ratifié
la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant
et se sont donc engagés à la respecter et à
rendre compte régulièrement du travail accompli
dans le sens du respect intégral des droits de l'enfant.
Le présent manuel répond aux principes de cette
convention, en partie du fait de la tranche d'âge du groupe-cible
de l'ouvrage - même si ce manuel s'adresse également
à des jeunes de plus de 18 ans (ce qui constitue la limite
d'âge supérieure des jeunes dont traite la Convention).
Cependant, il faut dire également un mot de l'écho
que peut avoir la Convention des Nations Unies sur le plan de
la méthodologie proposée par le manuel. En effet,
au cur de la Convention, dans plusieurs de ses articles
(notamment les articles 3 et 11), figure l'idée que les
jeunes ont le droit d'exprimer leur point de vue et de demander
que l'on en tienne compte, pour tous les problèmes les
concernant. Mais la concrétisation de cette idée
en est à des stades différents d'un pays européen
à l'autre: certains pays offrent véritablement aux
jeunes la possibilité de participer aux décisions
les concernant tandis que, dans d'autres Etats européens,
ce processus est moins avancé.
Votre établissement scolaire ou votre association disposent-ils
d'un exemplaire de la Convention relative aux droits de l'enfant?
De toute évidence, l'ensemble des possibilités
existant dans ce domaine détermine dans une certaine mesure
à quel point les jeunes peuvent actuellement influer sur
les décisions qui les concernent, ainsi que la pertinence
supposée de telle ou telle action. Mais l'objectif principal,
qui reste valable pour l'ensemble de l'Europe, est de traiter
les jeunes comme des personnes à part entière,
dignes de respect et, dans ce sens, comme les égales des
adultes.
Le processus de production
L'équipe de production de REPÈRES se composait
de huit personnes, et était chargée de fournir les
matériels documentaires et de concevoir les activités
qui seraient proposées dans le cadre du manuel. Comme cela
arrive fréquemment, cette équipe a dû relever
un défi assez difficile, mais également très
stimulant - ne serait-ce qu'au niveau des délais très
«serrés» de remise du travail. Afin de garantir
une circulation maximale des idées et expériences,
les textes de chaque rédacteur étaient relus et
approuvés par deux de ses collègues. Et, de la même
manière, chaque thème ou chapitre de l'ouvrage a
toujours été soumis à l'analyse de plusieurs
personnes - deux au minimum.
Cette équipe de production était représentative
de l'ensemble du continent européen, tout au moins dans
sa composition. Ses membres étaient originaires aussi bien
de l'Europe du Nord et du Sud que d'Europe orientale et occidentale
(et centrale). Leurs histoires personnelles, leurs traditions,
leurs langues, leurs vêtements et leurs goûts musicaux
étaient soit en totale opposition soit, parfois, en accord.
Chaque membre de l'équipe avait, dans une certaine mesure,
ses propres objectifs - ou souhaitait, en tout cas, emprunter
des voies quelque peu différentes -, car chacun connaissait
mieux que les autres les besoins propres à son pays.
Mais aucun des membres de l'équipe ne pouvait connaître
les besoins de l'ensemble des Européens, ni même
ceux de son pays tout entier. En d'autres termes, chaque personne
était nécessaire mais non pas suffisante.
Au début du processus, l'un des membres du Groupe de
d'experts, vivant dans un pays anciennement communiste, faisait
observer que les pays d'Europe occidentale se préoccupaient
des droits des minorités, tandis que ceux de la partie
de l'Europe à laquelle il appartenait étaient soucieux
des droits de la majorité. Mais certains étaient
en désaccord avec lui, et estimaient que «cette partie
de l'Europe» ne pouvait être classée, en réalité,
ni dans la première ni dans la seconde catégorie.
D'autres, au contraire, ont estimé que la réflexion
de leur collègue était, certes, une manière
de généraliser mais que, comme bon nombre de généralisations,
cela était peut-être vrai, en partie du moins. Nous
nous sommes donc efforcés de tenir compte de ces points
de vue. Mais tout le monde aurait pu également convenir
d'une formulation légèrement différente,
du type: «Les peuples d'Europe du Sud/ de l'Europe musulmane/
les régions rurales/ les capitales/ l'Europe déchirée
par la guerre
se préoccupent de
» .
En tout cas, l'observation en question nous rappelait qu'en
dépit de nos objectifs communs, il y avait autant de différences
entre toutes nos cultures qu'entre nous - en tant que membres
individuels des équipes concernées, représentant
ces différentes cultures. Finalement, nous sommes parvenus
au terme du processus en gardant l'espoir que les questions qui
nous préoccupaient pouvaient - et devaient - également
concerner les autres, où qu'ils soient, car il s'agit,
en fait, de problèmes mondiaux. Au bout du compte, nous
nous sommes également demandé dans quelle mesure
nous avions réussi à couvrir correctement l'ensemble
de l'Europe. Mais, après tout, cela aurait été
une «mission impossible» .
L'utilisation du manuel
dans le contexte de toutes les cultures et de toutes les langues
La conception d'un manuel à l'intention d'un très
large public pose deux problèmes majeurs. Le premier est
le risque d'une approche trop générale, autrement
dit, le fait que les activités proposées ne soient
pas assez spécifiques pour refléter les préoccupations
spécifiques de certains groupes ou populations. Et, deuxièmement,
le problème exactement inverse, à savoir que certaines
activités correspondent de manière trop spécifique
à des questions qui, soit ne sont pas forcément
pertinentes pour tous les pays visés, soit ont un caractère
trop délicat pour certains pays.
Les questions incluses dans le manuel concernent de façon
pertinente et directe tous les êtres humains, où
qu'ils soient sur la planète. Ceci dit, il se peut que
l'approche de certains problèmes ou la présentation
de certaines activités soient plus ou moins adaptées
à certains groupes ou animateurs. En l'occurrence, les
animateurs en question ne devront pas se contenter de suivre aveuglément
les directives données dans le manuel; ils devront plutôt
déterminer en quels endroits il faudra améliorer,
adapter ou actualiser le contenu, afin de répondre à
leur environnement particulier. A cet égard, les orientations
indiquées ci-après pourront être utiles.
Le présent manuel doit donc apparaître comme un
point de départ, un instrument pédagogique «vivant» ,
ouvert et susceptible d'améliorations et d'adaptations
Conseils pour d'éventuelles adaptations
- Pour toute question éventuellement polémique
dans votre pays, ou susceptible de provoquer un veto de la part
du pouvoir en place, efforcez-vous de voir si l'on peut la resituer
dans le contexte d'une autre société ou d'une
autre période de l'histoire - indépendamment de
toute référence explicite à des pratiques
actuelles. Pour toute question polémique ou controversée,
on pourra aussi, à l'inverse, jouer sur les facteurs
d'opposition, par exemple: encourager les apprenants à
envisager des points de vue différents, ou encore demander
son opinion à une personne représentant une minorité.
- Si vous réalisez les activités proposées
par ce manuel dans le cadre du système éducatif
formel, c'est-à-dire avec des pressions d'horaires et
de contenu de programme, il vous faudra probablement avoir davantage
recours à des éléments d'information de
base, que vos élèves pourront rechercher. Vous
éprouverez peut-être aussi la nécessité
de morceler les activités en question (par exemple, en
les échelonnant sur deux jours).
- S'il y a peu de possibilités d'insérer l'éducation
aux droits de l'homme dans votre cadre éducatif, les
activités que nous proposons peuvent être incorporées
de mille manières à certaines disciplines officiellement
enseignées, telles que la géographie, l'histoire,
la citoyenneté, les études politiques, etc. Dès
lors, il vous faudra peut-être adapter certaines activités
en conséquence.
- Si vos jeunes élèves ont l'impression que
certaines des questions abordées n'ont pas une importance
majeure, ou qu'ils n'en voient pas la pertinence par rapport
à leur situation personnelle et immédiate,
demandez-leur de reconsidérer ce problème
de manière plus directe - c'est-à-dire, par
exemple, de définir comment ces questions peuvent,
en réalité, avoir des effets concrets sur
leur vie quotidienne. En fait, toutes les questions
abordées par le présent ouvrage concernent
directement l'ensemble des jeunes!
- Au sujet de certaines activités, vous pourrez
estimer que certaines informations concernent davantage
votre groupe ou votre pays en particulier, ou encore que
telle ou telle approche serait plus adaptée. Par
conséquent, soyez très souple à cet
égard: autorisez vos élèves à
faire des suggestions, prolongez (ou, au contraire, limitez)
la durée des activités, le cas échéant
et, de la même manière, développez plus
ou moins certaines informations contextuelles; enfin, adoptez
les propositions de suivi faites par le groupe au sujet
d'aspects l'intéressant tout particulièrement.
Dans certains cas, vous pourrez avoir à compléter
l'information fournie par le manuel ou à l'adapter
à votre contexte.
- Evaluez personnellement les dangers éventuels
d'une participation des jeunes à telle ou telle forme
d'action publique - par exemple, en cas de situation sociale
ou politique particulièrement tendue dans votre pays.
- Si possible, faites partager aux jeunes apprenants les
difficultés que vous rencontrez. Ils apprécieront
le fait de pouvoir donner leur avis et seront plus à
même de comprendre les contraintes ou les limites
auxquelles vous êtes soumis.
En un mot, faites-leur confiance!
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