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La paix et la violence

"Mieux vaut du pain en temps de paix que du gâteau en temps de guerre."

Proverbe slovaque

Quel lien y a-t-il entre la paix et les droits de l'homme? La paix est-elle un droit humain?

Les massives violations des droits de l'homme durant la Deuxième Guerre mondiale, et le désir d'instaurer la paix, sont à l'origine de la création des droits de l'homme.

La culture des droits de l'homme est l'une des conditions préalables à l'instauration d'un état de paix, dans tous les pays du monde. Le "droit à la paix" fait partie de ce que l'on appelle la "troisième génération des droits de l'homme" - ou encore les "droits liés à la solidarité".

L'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture (l'UNESCO) est la principale institution qui agit au service de ce droit à la paix. C'est précisément en 1994 que M. Federico Mayor, alors Secrétaire Général de l'UNESCO, lançait un appel mondial à l'instauration d'un droit à la paix. Puis, en 1997, une proposition de déclaration présentant la paix comme l'un des droits de l'homme était soumise à la Conférence Générale de l'UNESCO. Cette proposition fut alors rejetée, mais le "droit à la paix" reste à l'ordre du jour du programme des Nations Unies. Au début de l'année 2001, la Commission des droits de l'homme adoptait une Résolution sur la promotion du droit des peuples à la paix.

Estimez-vous qu'il doit exister un droit spécifique à la paix, ou bien que celui-ci fait déja partie intégrante des droits de l'homme existants?

Dès lors, qu'appelle-t-on exactement la "paix"?

Cette notion de paix à une dimension culturelle importante. Ainsi, dans la tradition orientale, la paix est plus un état intérieur (c'est la paix de l'esprit et du cœur) alors que, dans le monde occidental, la notion de paix est extérieure à l'individu (c'est l'absence de guerre ou de conflit violent). Pour poursuivre dans ce sens, notons qu'en indien, paix se dit "shanti" - ce qui signifie "ordre spirituel parfait" ou "paix de l'esprit". Gandhi a fondé sa philosophie et sa stratégie sur le concept d' "Ahimsa" - ce qui signifie globalement le fait de s'abstenir de tout acte préjudiciable. Gandhi expliquait: "Ahimsa" signifie littéralement la "non-violence'. Mais, à mes yeux, cette notion se situe à un niveau infiniment supérieur. Elle veut dire que vous ne devez offenser personne, et que vous ne devez pas avoir de pensée "misérable", y compris vis-à-vis de ceux que vous considérez comme des ennemis. Pour l'adepte de cette philosophie, l'ennemi n'existe pas". Dans la tradition maya, le concept de "paix" est lié à celui de "bien-être" - c'est-à-dire à l'idée d'un parfait équilibre entre les différentes sphères de notre vie.

Il y a donc de nombreuses définitions de la paix. Mais l'une de celles ayant eu le plus d'impact consiste à distinguer "paix positive" et "paix négative" - distinction opérée par Johan Galtung, érudit norvégien de réputation mondiale et chercheur dans ce domaine.

La "paix négative" est l'absence de guerre ou de conflit violent entre les Etats, ou à l'intérieur d'un même Etat - ou, pour prendre un exemple, du type d'affrontements que l'on a connus récemment dans les Balkans.

Mais, par "paix positive", on entend non seulement l'absence de guerre ou de conflit violent, mais aussi un état d'équité, de justice et de développement.

On peut résumer ces deux concepts de la manière suivante:

  • Absence de guerre = paix négative.
  • Absence de guerre + justice sociale/développement = paix positive.

Cette dernière notion de "paix positive" se caractérise donc par un degré élevé de justice sociale et un niveau de violence minimal.

Certains pensent que tous les problèmes sont réglés par la fin de la guerre. Mais, en réalité, il reste alors beaucoup à accomplir - notamment la reconstruction du pays et la création de structures permettant d'instaurer la justice sociale et de favoriser le développement de toutes les populations touchées par la guerre en question.

Par conséquent, on peut dire que la paix n'est pas seulement le désarmement, mais qu'elle concerne aussi la vie des populations.

Quelles devraient être, dans votre propre collectivité, les personnes ou instances chargées de mettre en oeuvre des stratégies de prévention de la violence - quelle qu'elle soit?

La "Conférence de la Paix"

En mai 1999, 10 000 militants de la paix de tous âges se rassemblaient à La Haye, aux Pays-Bas, afin d'étudier de nouvelles stratégies pour l'instauration de la paix au 21ème siècle. Parmi les personnes ayant pris part à l'Appel de La Haye - événement désormais historique -, on comptait 1 500 jeunes originaires de cent pays. A l'issue de la Conférence de la Paix, le "Programme de La Haye pour la Paix et la Justice au 21ème siècle" était soumis à M. Kofi Annan, Secrétaire Général des Nations Unies. Ce "Programme de La Haye" - aujourd'hui document officiel des Nations Unies - est un plan en 50 points, prévoyant une action mondiale des gouvernements et des différentes sociétés civiles.

 

Mais peut-on parler de la paix sans évoquer parallèlement le problème de la violence?

Il existe de nombreuses définitions de la violence, notamment celle qui consiste à voir dans la violence le recours à la force - de manière directe ou souterraine -, dans le but d'obtenir quelque chose contre la volonté d'un individu ou d'un groupe.

Il y a différents types de violence. On peut distinguer la violence directe de la violence indirecte (ou "structurelle"):

  • Violence directe = violence physique.
  • Violence indirecte ou structurelle = pauvreté, exploitation, injustice sociale, absence de démocratie, etc.

Par conséquent, on peut dire qu'il y a "paix" lorsqu'il n'y a ni violence directe ni violence indirecte.

Quel est le prix de la violence?

Key date

Le troisième mardi du mois de septembre de chaque année,
Journée internationale de la paix

En l'absence d'un état de paix, les parties impliquées dans le conflit en question sont à la fois acteurs et victimes de violations des droits économiques et sociaux (économie du pays ravagée, marché noir, perte d'emploi ou de domicile, etc.) et des droits civils et politiques (le droit à la vie est menacé, de même que le droit à ne pas subir de tortures, ou encore le droit au respect de son intégrité physique, entre autres). Les conséquences à court et long terme d'un conflit violent sont considérables en termes de violations des droits de l'homme, et cela laisse des cicatrices très profondes dans les sociétés concernées.

Les chiffres et les données ci-dessous donnent une idée du prix de la violence, aussi bien sur le plan humain qu'en termes financiers.

La violence directe

  1. En Bosnie-Herzégovine, malgré les Accords-cadres de Paix de 1995, on compte encore entre 850 000 et 1,2 millions de personnes déplacées (à l'intérieur du pays, ou en situation de réfugiés); et 17 000 personnes sont encore portées disparues.
  2. Au cours du conflit de 1994, au Rouanda, on a dénombré 800 000 morts.
  3. La Première Guerre mondiale a fait au total 8.538.315 morts.
  4. Dans les années 1990, divers conflits armés ont fait 6 millions de blessés.
  5. 500 millions d'armes de petit calibre sont en circulation dans le monde.
  6. Dans les années 1990, les guerres et les conflits internes ont contraint 50 millions de personnes à fuir leur domicile.
  7. Les mines antipersonnel (ou mines terrestres) font 800 morts par mois.
  8. En 1995, 53 millions de personnes - soit 1 sur 115 dans le monde - ont dû quitter leur domicile, soit pour être déplacées à l'intérieur même du pays, soit pour se réfugier dans des pays étrangers.

La violence indirecte

La Campagne internationale visant à l'interdiction des mines antipersonnel a été co-lauréate du Prix Nobel de la Paix 1997. www.icbl.org

  1. Quelque 17 millions de personnes meurent chaque année, faute de médicaments.
  2. Quelque 24 000 personnes meurent de faim chaque jour - soit environ une personne toutes les 3 secondes et demi.
  3. Plus de 30 000 enfants meurent chaque jour de maladies qui, dans l'ensemble, pourraient être prévenues.

La violence laisse des cicatrices non seulement physiques mais aussi affectives chez toute personne directement ou indirectement touchée par une situation conflictuelle - guerre ou violences individuelles telles que les violences familiales. Ces "cicatrices" peuvent être à l'origine de traumatismes à long terme et intangibles. Il est impossible d'évaluer le coût de telles situations en termes financiers; en revanche, on peut dire qu'elles ont un coût humain très élevé.

Pensez-vous que l'on doive réglementer le niveau de violence des émissions de télévision?

Priorités en matière de dépenses publiques (en % du PIB) 27
Pays Dépenses publiques pour l'éducation 1995-1997 Dépenses publiques dans le secteur de la santé 1998 1999 Dépenses militaires
Angola 6.2 (1985-1987) 5.8 23.5
Costa Rica 5.4 5.2 ...
Erythrée 1.8 ... 22.9
Ethiopie 4.0 1.7 9.0
Norvège 7.7 7.42.2  
Fédération de Russie 3.5 2.5 (1990) 3.8
Arabie saoudite 7.5 12.8 13.2
Turquie 2.2 2.2 (1990) 5.0
Ukraine 5.6 3.6 3.1
Royaume-Uni 5.3 5.9 2.5
Les six pays ayant effectué les dépenses militaires les plus élevées en 2000 28
Classement en 2000 Pays 2000
En pourcentage des dépenses
1 (1) USA 280.6
37
2 (7) Russie 43.9
6
3 (3) France 40.4
5
4 (2) Japon 37.8
5
5 (5) Royaume-Uni 36.3
5
6 (4) Allemagne 33
4
Les dépenses militaires mondiales et leurs alternatives, en termes financiers 29

Ensemble du tableau ci-dessous = Dépenses militaires mondiales annuelles

Dépenses pour l'année 2001 (756 milliards de dollars)

=1 milliard)

Crédits nécessaires pour...

A) STABILISER LA DEMOGRAPHIE

10,5 milliards de dollars

B) STOPPER LA DEFORESTATION

7 milliards de dollars

C) PREVENIR LE RECHAUFEMENT DE LA PLANETE

8 milliards de dollars

D) PREVENIR LES PLUIES ACIDES

8 milliards de dollars

E) PASSURER LA PROTECTION SANTE

15 milliards de dollars

F)ELIMINER LA FAMINE ET LA MALNUTRITION

19 milliards de dollars

G) ARRETER LA DEGRADATION DE LA COUCHE D'OZONE

5 milliards de dollars

H) EMPECHER L'EROSION DES SOLS

24 milliards de dollars

I) FOURNIR UNE ENERGIE PROPRE ET SURE

Energies renouvelables: 17 milliards de dollars

Efficacité énergétique: 33 milliards de dollars

J) ERADIQUER L'ANALPHABETISME

5 milliards de dollars

K) SUPPRIMER LA DETTE DES PAYS EN DEVELOPPEMENT

30 milliards de dollars

L) FOURNIR DES LOGEMENTS

21 milliards de dollars

M) FOURNIR DE L'EAU SALUBRE

8 milliards de dollars

 

La violence est-elle naturelle?

Key date

Le 25 novembre
Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes

Nombreux sont ceux qui ont la conviction que l'être humain est naturellement violent et que, par conséquent, on ne peut empêcher les guerres, les conflits, et, plus généralement, les actes de violence - dans nos sociétés et notre vie quotidienne. Mais d'autres spécialistes de ce domaine affirment que nous pouvons éviter de penser, de sentir et d'agir de manière violente. Cela a été confirmé par la "Déclaration de Séville sur la violence", rédigée en 1986 par un groupe d'érudits et de scientifiques originaires des quatre coins de la planète, et disant notamment:

  1. Il est scientifiquement inexact de dire que nous avons hérité de nos ancètres animaux une tendance à faire la guerre...La guerre est un phénomène exclusivement humain, qui n'existe pas chez les autres espèces animales...
  2. Il est des civilisations qui n'ont pas entrepris de guerre depuis plusieurs siècles, et d'autres qui ont fait la guerre fréquemment dans certaines périodes, et n'ont connu aucun conflit à d'autres époques...
  3. Il est scientifiquement inexact de dire que la guerre ou tout autre comportement violent sont génétiquement programmés dans la nature humaine...
  4. Il est scientifiquement inexact de dire que les humains ont un "cerveau violent"... en fait, nos agissements sont fonction de notre "conditionnement" et de notre socialisation..."

Pour la plupart d'entre nous, nous sommes conditionnés par notre environnement à avoir des réactions agressives et violentes. Nous apprenons à penser, à sentir et à agir de manière agressive, voire violente. Quel que soit l'endroit de la planète où nous vivons, nous sommes soumis à des pressions socioculturelles qui nous conditionnent à nous informer de faits violents, à être témoins de violences et à entendre parler presque constamment d'actes violents. Les programmes de télévision, la publicité, la presse, les jeux vidéo, les industries du cinéma et de la musique y contribuent largement. Avant même d'atteindre l'adolescence, un enfant a déja vu des milliers de meurtres et d'actes violents - en regardant simplement la télévision. Consciemment ou non, nos sociétés modernes font l'apologie de la violence. Celle-ci apparaît désormais comme une valeur positive.

Dans la plupart des cultures, le rejet de la violence et le refus de tout affrontement physique sont considérés comme une marque de faiblesse - notamment en ce qui concerne les hommes, qui, dès leur plus jeune âge, subissent des pressions considérables de la part de leurs collègues masculins.

Etes-vous d'accord avec l'idée selon laquelle la violence n'est jamais justifiée - y compris à l'égard des gens les plus violents?

Chez les jeunes, les brimades sont une forme de rapport violent avec l'autre, et la traduction d'un rapport de force, par lequel l'un exerce sa domination et porte atteinte à l'intégrité de l'autre. Dans le cadre d'une enquête effectuée en 2001 en Espagne sur un échantillon d'élèves du secondaire, près de la moitié des jeunes gens disaient être au courant de cas d'intimidation d'élèves par d'autres élèves.

En dehors de ce type de harcelement, il existe d'autres formes de violence relationnelle: la violence due à l'alcool ou à la drogue, la violence en "bande", la prostitution forcée, l'esclavage, la violence scolaire et celle liée au racisme - autant de phénomenes qui peuvent toucher la vie quotidienne de chacun. Certaines formes de violence concernent plus particulièrement les jeunes: c'est le cas de la violence exercée en bande, des violences scolaires et des actes racistes, par exemple.

Etes-vous d'accord avec l'idée selon laquelle un homme doit être violent pour être vraiment "un homme"?

"La guerre et la paix naissent également dans l'esprit des hommes. L'espèce qui a inventé la guerre est aussi capable d'imaginer la paix. C'est à chacun d'entre nous d'en décider."

Déclaration de Séville sur la violence

Les violences sexuelles exercées sur des enfants ou des femmes (voire sur des hommes) sont des phénomènes courants. Dans la plupart des cas, et contrairement aux idées reçues, ce type de violence a lieu au domicile familial et en privé - et non pas à l'extérieur. Les auteurs de ces violences sont très souvent connus de leurs victimes, et profitent d'ailleurs de la confiance que ces dernières leur témoignent pour passer à l'acte. La plupart des victimes ne signalent pas le délit, ou n'en parlent que plusieurs années plus tard. Il y a à cela de multiples raisons qui, la plupart du temps, sont liées, et relatives, à la position ou à l'identité du coupable, à la nature (c'est-à-dire la durée et la fréquence) des violences, à la personnalité de la victime, etc. Il arrive aussi que la victime soit trop jeune et ne comprenne que beaucoup plus tard ce qui lui est arrivé; de plus/ou dans d'autres cas, les victimes ont besoin d'aide mais ne savent pas en qui placer leur confiance; et/ou encore, les victimes racontent l'incident à quelqu'un qui ne veut pas les croire - cas assez fréquent, particulièrement si la victime est un enfant; et/ou encore, la victime a un sentiment très fort de honte, de culpabilité ou de trahison; et/ou encore, elle peut être menacée et manipulée par l'auteur des violences. Dans la majorité des cas, l'auteur des violences est un membre ou un proche de la famille.

 

Références

Declaration on the Rights of Peoples to Peace, A/RES/39/11, Assemblée Générale des Nations Unies, 12 novembre 1984.

Human Development Report 2000, Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), Oxford University Press, USA, 2000.

Report 2000, Amnesty International, Amnesty International Publications, Royaume-Uni, 2000.

Déclaration de Séville sur la violence ("Seville Statement on Violence"), www.unesco.org/human-rights/hrfv.htm , Spain, 1986.

J. Tyler et A. Berry (Comp.),

Time to abolish war, a youth agenda for peace and justice, Appel à la paix de La Haye, Fonds européen pour la jeunesse, 2001.

Commission des droits de l'homme des Nations Unies, Resolution on the Promotion of the Right of Peoples to Peace, E/CN.4/RES/2001/69, 25 avril 2001.

V. Fisas, Introduccion al estudio de la paz y del conflicto, Lerna, Barcelone, 1987.

www.unicef.org/voy/meeting/war/war-exp2.asp, Unicef.

World Report 2001, Human Rights Watch, USA, 2000.

Notes

27. Human Development Report 2001, PNUD.

28. D'après le "Stockholm International Peace Research Institute", SIPRI (Institut international de recherche sur la paix de Stockholm), www.sipri.se

29. Instituto del Tercer Mundo (1992), Guide du Tiers Monde, Uruguay

 

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