Nord-sud : une question de déséquilibre
Le système économique
international
Au cours de l'histoire, notre
monde a fait l'objet de multiples divisions. Les Romains
ont divisé le monde entre l'Empire romain et le monde
des Barbares ; après les voyages de Christophe
Colomb, on parlait de Nouveau Monde et d'Ancien Monde ;
à la fin de Deuxième Guerre mondiale, un «rideau
de fer» a été construit pour séparer
l'Europe de l'Est de l'Europe de l'Ouest ; et, plus
récemment, nous avons commencé à parler
de la division du monde entre le Nord et le Sud.
A quelles autres divisions pensez-vous ?
Cette différenciation entre
le Nord et le Sud ne fait pas référence à
la situation géographique des pays par rapport à
l'équateur (l'Australie est économiquement
au Nord !), mais à des données économiques
et politiques beaucoup plus complexes.
Seule une petite minorité des habitants
de cette planète profitent des avantages de ce monde
plus petit auquel nous venons de faire allusion : une
avance technologique et un niveau de consommation qui dépassent
de loin les besoins fondamentaux. Les termes de «Nord»
et de «Sud» sont des généralisations
et on trouve beaucoup de différences entre les pays
de chacun de ces groupes. Mais, indéniablement, la
véritable frontière qui sépare le Nord
du Sud est la pauvreté. Et, bien que la pauvreté
ne soit pas absente des pays du Nord, la situation des pauvres
de ces pays reste comparativement privilégiée.
Pour approfondir le débat sur ces questions, reportez-vous
aux parties sur la Mondialisation et la Pauvreté
dans Repères.
Quelle est votre conception de la pauvreté ?
Combien de personnes vivent dans la pauvreté près
de vous ?
Alors que la plupart des régions
du monde enregistraient une croissance économique
durable dans les années 90, 54 pays en développement
accusaient un recul du revenu moyen par habitant au cours
de cette décennie, signale le Rapport 2003 sur
le développement humain du Programme des Nations
Unies pour le développement. La plupart des pays
qui étaient plus pauvres en 2000 qu'en 1990 se trouvent
en Afrique subsaharienne. Lorsqu'un pays est « sous-développé »,
cela signifie qu'il a perdu l'aptitude de choisir son propre
développement et qu'il dépend économiquement
et culturellement d'autres pays.
Qu'est-ce que le «développement» ?
Qu'est ce que la «croissance» ? Qui en
définit les critères ?
Les causes du phénomène
de pauvreté ne sont pas naturelles : dans de
nombreux cas, les pays concernés possèdent
davantage de ressources que les pays développés
et, dans le passé, leurs économies étaient
même florissantes. Alors, quelles sont les raisons
de cette situation inégale et injuste ? Au risque
de tomber dans la simplification extrême, on peut
dire que la situation de ces pays provient du système
international qui domine politiquement, mais surtout économiquement,
notre monde.
Un déséquilibre
que chacun d'entre nous contribue à maintenir
Après la Deuxième
Guerre mondiale, l'ordre économique international
en vigueur actuellement a été dicté
par un petit nombre de pays du «Nord». Ces pays
ont imposé des règles et créé
des structures qui reflétaient leurs propres intérêts
(par exemple : le Fonds monétaire international,
la Banque mondiale, les accords commerciaux... ) et ont
utilisé des ressources qui ne leur appartenaient
pas... En quelques mots : Ils ont conçu un système
selon lequel le développement de quelques-uns était
soutenu par la pauvreté de la majorité.
D'autres formes de dépendance plus
subtiles sont devenues la règle : la principale
expression en est la dette extérieure qui
accable la majorité des pays en voie de développement.
Les pays du Sud se sont retrouvés pris au piège,
contraints de d'exploiter et de vendre leurs matières
premières pour payer les équipements et la
technologie.
De nombreux pays doivent consacrer une proportion considérable
de leurs recettes publiques au remboursement de leur dette
extérieure. Qui, à votre avis, est responsable
de telles situations ? Que pensez-vous de la campagne
mondiale «Drop the Debt» (annulons la dette)
- qui supposerait l'annulation de la dette extérieure
des pays les plus pauvres ? *
L'inégalité fondamentale
du système économique, les guerres civiles
(Rwanda, Salvador... ), les catastrophes écologiques
(désertification, tremblements de terre), la famine
et le fort accroissement de la population (notamment en
Afrique), tous ces facteurs s'additionnent pour produire
une situation dramatique. Un nombre croissant de personnes
ont été contraintes de prendre une décision
pénible, voire traumatisante : quitter leur
maison, émigrer ou demander l'asile. Elles agissent
ainsi pour survivre, conscientes malgré tout des
difficultés inhérentes au fait de vivre dans
un pays étranger.
Quelle est, selon vous, la différence entre «un
migrant», «un réfugié» et
«une personne déplacée» ?
En janvier 2004, le nombre de
personnes «sources de préoccupations»
pour le Haut Commissariat des Nations Unies pour les
réfugiés (http://www.unhcr.ch)
s'élevait à 20 556 781 (en 1974 ce chiffre
était de 2,4 millions) - soit à peu près
1 personne sur 300 sur la terre. Pouvez-vous vous imaginer
ce que représentent réellement ces chiffres
en termes de tragédie humaine ? De plus en plus
au Nord, nous avons détourné notre attention
du Sud ; en Europe notamment, nous nous sommes tournés
vers nous-mêmes.
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