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L'éducation aux droits de l'homme et
Reperes, un bref guide à l'usage des praticiens >
Comprendre le concept d'éducation aux droits de l'homme
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Comprendre le concept d'éducation aux
droits de l'homme
Qu'est-ce que l'éducation
aux droits de l'homme?
Il s'agit «
des activités
et programmes éducatifs visant à promouvoir l'égale
dignité des êtres humains
parallèlement
à d'autres programmes de la Direction de la Jeunesse et
du Sport - apprentissage interculturel, participation, renforcement
des droits des minorités et émancipation des jeunes
minoritaires.»
Définition officielle proposée
par le Programme jeunesse d'éducation aux droits de l'homme
du Conseil de l'Europe
Un objectif à long terme |
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«L'éducation
doit viser au plein épanouissement de la personnalité
humaine et au renforcement du respect des droits de l'homme et
des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension,
la tolérance et l'amitié entre toutes les nations
et tous les groupes raciaux et religieux, ainsi que le développement
des activités des Nations Unies pour le maintien de la
paix» .
(Déclaration universelle
des droits de l'homme, article 26)
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On peut donner de nombreuses définitions
de l'éducation aux droits de l'homme et adopter dans ce
domaine différentes approches, mais la meilleure définition
est celle qui fixe des objectifs - principalement l'instauration
d'une culture de compréhension, de protection et de respect
des droits de l'homme par tous. Toute personne, oeuvrant avec
d'autres, ayant cet objectif à l'esprit et agissant dans
le sens de sa réalisation, peut être considérée
comme engagée dans le domaine de l'éducation aux
droits de l'homme - et ce, quels qu'en soient les chemins et les
orientations spécifiques.
Il existe certes des idées quelque peu différentes
de la meilleure approche (ou de la voie la plus adaptée)
dans ce sens. Mais cela est parfaitement normal, dans la mesure
où les exigences de chaque personne, de chaque groupe d'individus
ou de chaque culture ne sont pas les mêmes et où
aucune approche éducative ne peut s'appliquer indifféremment
à tous les individus, à tous les groupes et à
toutes les sociétés. En d'autres termes, une éducation
aux droits de l'homme efficace doit être axée avant
tout sur l'apprenant: elle doit être fondée sur les
besoins, les préférences, les capacités et
les souhaits de chacun, dans quelque société que
ce soit.
Une approche éducative centrée sur l'apprenant
reconnaît la valeur de l'action et du changement au niveau
individuel, et prend également en compte le contexte social
de l'apprenant. Cela ne signifie pas pour autant que les éducateurs
doivent travailler de manière isolée ou qu'ils n'aient
rien à apprendre d'autres personnes oeuvrant dans des contextes
différents. Ce qui, au niveau mondial, réunit les
éducateurs spécialisés dans le domaine des
droits de l'homme, c'est le caractère commun de leur entreprise
- à savoir la volonté de promouvoir et d'habiter
un monde où les droits de l'homme sont respectés
et considérés comme une valeur en soi. Il existe
déjà de grandes lignes directrices dans ce domaine,
des méthodes éprouvées et vérifiées,
des matériels éducatifs, et de nombreux acteurs
- autant d'éléments susceptibles de nous aider à
atteindre l'objectif commun. Le présent manuel se veut
une contribution supplémentaire dans ce sens.
Quelle est votre compréhension personnelle de la
notion d'éducation aux droits de l'homme?
Une différenciation concrète
La vision à long terme est importante mais, pour des
raisons pratiques, il faut parfois brosser un tableau plus «terre-à-terre»
des buts généraux du projet en question. Ainsi,
il peut être utile de décomposer ces orientations
générales en une série d'objectifs plus concrets:
il s'agit alors de mettre à plat les différentes
composantes de ce que l'on appelle la «culture des droits
de l'homme» et de réfléchir à l'approche
spécifique de chaque aspect. Car, après tout, la
«culture des droits de l'homme» ne se limite pas au
fait que chacun soit conscient de ses droits - cette conscience
n'étant pas forcément synonyme de respect; or, sans
respect, on s'expose toujours à des violations des droits
en question. En fait, une culture des droits de l'homme est un
ensemble d'attitudes, de convictions, de normes et de réglementations
imbriquées les unes dans les autres. La compréhension
de ces différentes composantes sera l'un des «points
d'appui» de notre travail collectif.
Vers une culture des droits de l'homme |
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«Un voyage de mille kilomètres
commence toujours par un premier pas.»
(Lao Tseu, philosophe chinois, vers
570-490 avant J.C.) |
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Les points suivants, qui découlent
des composantes essentielles de ce type de culture, peuvent constituer
les objectifs généraux d'une éducation aux
droits de l'homme:
- renforcement du respect des droits de l'homme et des libertés
fondamentales;
- développement du respect de soi et des autres: en
d'autres termes, avoir le sens de la dignité humaine;
- adoption de points de vue et de comportements porteurs d'un
respect des droits de l'autre;
- garantie d'une authentique égalité entre les
sexes et de l'égalité des chances pour les femmes,
dans tous les secteurs;
- promotion du respect, de la compréhension et de l'appréciation
de la diversité culturelle - notamment celle des différentes
minorités ou communautés nationales, ethniques,
religieuses et linguistiques;
- responsabilisation de chacun dans le sens d'une citoyenneté
plus active;
- promotion de la démocratie, du développement,
de la justice sociale, de l'harmonie collective, de la solidarité
et de l'amitié des peuples et des nations;
- développement des activités des institutions
internationales visant à l'instauration d'une culture
de la paix, fondée sur les valeurs de portée universelle
que sont les droits de l'homme, la compréhension au niveau
international, la tolérance et la non-violence.
Les résultats de
l'éducation aux droits de l'homme
Quels sont les objectifs spécifiques
de mon groupe?
Nous avons identifié le but global de l'éducation
aux droits de l'homme et certains objectifs à long terme.
Mais on peut se rapprocher des réalités locales
en prenant en considération les besoins de groupes et communautés
spécifiques: autrement dit, comment changer le monde en
travaillant à l'échelon local!
A l'heure actuelle, notre monde est marqué par de nombreuses
violations des droits de l'homme. En théorie, il pourrait
suffire de faire acquérir aux membres de votre groupe le
sens du respect de l'autre, en espérant que ces personnes,
au moins, ne feront pas partie de ceux qui bafouent ces droits.
C'est là, effectivement, un aspect important du travail
de tout éducateur opérant dans le domaine des droits
de l'homme.
Mais, en réalité, il faut se montrer plus ambitieux:
on peut convaincre ces jeunes gens d'agir non seulement sur eux-mêmes,
mais aussi sur le monde qui les entoure. On peut les inciter à
devenir eux aussi des «mini-éducateurs» ou des
«mini-militants» capables de contribuer à la
défense des droits de l'homme - y compris lorsque les questions,
en apparence, ne les concernent pas directement. Il n'y a là
rien d'impossible: en effet, il ne s'agit pas d'attendre de ces
jeunes qu'ils consacrent leur vie entière à la défense
des droits de l'homme; il s'agit simplement de les sensibiliser
à ces questions, afin qu'ils se sentent concernés
et capables d'agir en vue de changer l'ordre des choses dans tous
les cas où ils le jugent nécessaire.
Cette question d'ordre général étant posée,
il faut savoir que les modèles d'éducation aux droits
de l'homme existants visent les trois grands domaines suivants:
- La promotion de la conscience et de la compréhension
des questions liées aux droits de l'homme, afin que chacun
sache reconnaître les cas de violation.
- Le développement de compétences et capacités
permettant de défendre les droits de l'homme.
- Le fait d'encourager les comportements de respect des droits
de l'homme, afin d'éviter toute dérive vers une
violation délibérée des droits d'autrui.
Quelles sont, selon vous, les principales préoccupations
des jeunes ou des groupes avec lesquels vous travaillez?
Connaissances, compétences et points
de vue |
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l'apprentissage
en matière de droits de l'homme |
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Quel type de connaissances les jeunes doivent-ils
avoir pour mieux comprendre les questions liées aux droits
de l'homme? Et quels sont les capacités et comportements
qui leur seront nécessaires pour contribuer à la
défense des droits de l'homme?
«Si vous pensez que l'éducation est coûteuse,
regardez un peu du côté de l'ignorance!» (Auteur
anonyme)
Les différents points énumérés ci-après
fournissent quelques réponses aux questions posées
ci-dessus; il s'agit des objectifs ayant compté lors de
la conception du présent manuel.
Connaissance et compréhension
- Concepts fondamentaux, tels que: la liberté, la justice,
l'égalité, la dignité humaine, la non-discrimination,
la démocratie, l'universalité, les droits, les
devoirs, l'interdépendance et la solidarité; la
notion de droits de l'homme en tant que cadre de négociation
et d'acceptation collective de normes de comportement au sein
de la famille, de l'école, de la société
en général et sur l'ensemble de la planète;
- Le rôle des droits de l'homme, leur dimension passée
et à venir dans la vie individuelle et collective, ainsi
que dans la vie de l'ensemble des habitants de la planète;
- La distinction entre droits civils/politiques, d'une part,
et droits sociaux/économiques, de l'autre;
- Les différentes visions et expériences des droits
de l'homme dans différentes sociétés, dans
les différents groupes d'une même société,
et les diverses sources de légitimité - y compris
religieuses, morales et juridiques;
- Les principales mutations sociales, les grands événements
historiques et les raisons essentielles à l'origine de
la reconnaissance du concept de «droits de l'homme»
;
- Les principaux instruments internationaux de protection des
droits de l'homme - tels que la Déclaration universelle
des droits de l'homme proclamée par les Nations Unies
(UDHR), la Convention des Nations Unies relative aux droits
de l'enfant (UNCRC), et la Convention européenne de sauvegarde
des Droits de l'Homme et des Libertés fondamentales;
- Les organismes locaux, nationaux et régionaux, les
organisations non gouvernementales et les particuliers contribuant
au soutien et à la protection des droits de l'homme.
Compétences |
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l'apprentissage
pour les droits de l'homme |
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- Une écoute et une communication actives: la capacité
d'écouter différents points de vue et de défendre
ses droits et ceux des autres;
- La réflexion critique: la recherche d'informations
pertinentes, l'appréciation critique de preuves et témoignages,
la conscience de certains préjugés et opinions
partisanes, l'identification de différentes formes de
manipulation, et la prise de décisions sur la base de
jugements éclairés;
- La capacité à coopérer et à aborder
les situations conflictuelles de manière positive;
- La capacité à participer à des groupes
et à organiser des groupes;
- Une action dans le sens de la promotion et de la sauvegarde
des droits de l'homme, à la fois au niveau local et à
l'échelle mondiale.
Comportements et valeurs |
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l'apprentissage
par les droits de l'homme |
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- Le sens de la responsabilité de ses actes, l'engagement
à progresser personnellement et à changer la société;
- La curiosité, l'ouverture d'esprit et une appréciation
positive de la diversité;
- L'empathie et la solidarité vis-à-vis des autres,
et l'engagement à soutenir tous ceux dont les droits
sont menacés;
- Le sens de la dignité humaine, de sa propre valeur
et de celle des autres, indépendamment des différences
sociales, culturelles, linguistiques ou religieuses;
- Le sens de la justice, et la volonté de servir les
idéaux de liberté, d'égalité et
de respect de la diversité.
Une approche globale
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La
notion d'» éducation» recouvre l'ensemble du processus
social par lequel les personnes et les groupes sociaux apprennent
à développer délibérément -
au sein et au service des communautés nationale et internationale
- l'ensemble de leurs capacités, de leurs visions, de leurs
compétences et de leurs connaissances.
UNESCO, Recommandations de 1974
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Le présent manuel propose une approche
globale de l'éducation aux droits de l'homme - et ce, à
différents égards. En premier lieu, il était
important de traiter les trois dimensions à la fois - la
connaissance, les capacités et les comportements -, et
ce, sur un pied d'égalité. Deuxièmement,
les activités proposées ont été conçues
à l'intention d'un large public - en termes de tranches
d'âge, ou encore de secteurs éducatifs formels, non
formels et informels. Enfin, troisièmement, nous nous sommes
efforcés de lier ce type d'éducation à des
problèmes locaux et mondiaux pertinents, tels que le développement,
l'environnement, les relations interculturelles et la paix, en
proposant des activités d'apprentissage de nature participative
et dynamique. Nous ne disons jamais que l'éducation aux
droits de l'homme peut être abordée comme une discipline
indépendante et isolée.
L'approche participative s'est révélée
essentielle. D'après un certain nombre d'études
à ce sujet, le travail en petit groupe structuré
contribue à la cohésion des membres du groupe et
à l'atténuation des préjugés de chacun.
Ce travail de coopération permet également d'améliorer
la compréhension de concepts complexes et de développer
les capacités à résoudre les problèmes
- en incitant les participants à imaginer des solutions
plus créatives et plus pratiques. Tous ces aboutissements
sont conformes aux objectifs de l'éducation aux droits
de l'homme. Cela signifie que nous devons impliquer les jeunes
à tous les stades du processus d'apprentissage. Il faut
éviter le piège qui consiste à croire que
nous, les éducateurs, sommes détenteurs d'une vérité
absolue à transmettre à des élèves
passifs. Ce type d'approche risque fort de transformer l'éducation
aux droits de l'homme en la pire des éducations «idéologiques» .
La philosophie de la méthodologie proposée par ce
manuel est que les jeunes apportent à tout processus éducatif
une mine d'expériences, dont on doit s'inspirer de manière
dynamique pour un développement intéressant et efficace
de l'action éducative. Les questions, voire bien souvent
les conflits, doivent constituer des ressources éducatives
fondamentales, qu'il faut aborder de manière positive.
L'éducation des
jeunes aux droits de l'homme |
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«J'entends
et j'oublie. Je vois et je me rappelle. J'agis et je comprends.»
Confucius
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On admet de plus en plus qu'il ne faut pas
négliger d'éduquer les jeunes aux droits de l'homme,
non seulement parce qu'un tel processus est important pour la
société, mais aussi parce que les jeunes apprécient
eux-mêmes le type d'activités qui y est lié,
et en tirent parti. Les sociétés contemporaines,
et notamment la jeunesse, sont de plus en plus confrontées
aux réalités de l'exclusion sociale, des différences
religieuses, ethniques et nationales, ou encore aux avantages
et aux inconvénients d'une mondialisation croissante. L'éducation
aux droits de l'homme traite précisément de ces
questions importantes et peut contribuer à éclairer
chacun d'entre nous au sujet des différentes visions, croyances,
attitudes et valeurs des sociétés multiculturelles
modernes. Une telle éducation peut aider chacun à
exploiter ces différences de manière positive. |
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Les
approches participatives et dynamiques sont particulièrement
utiles à toute forme d'apprentissage et au développement
maximal du potentiel des apprenants.
Extrait de la Déclaration
de Jomtien de 1990, dans le cadre de la Conférence mondiale
de l'Éducation pour tous, réunie à Jomtien, en Thaïlande,
à l'initiative de la Banque mondiale, de l'UNESCO, de l'UNICEF
et du PNUD
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De plus, et c'est peut-être plus important
encore, les jeunes ont un réel souci des droits de l'homme
et constituent à ce titre la principale ressource de l'éducation
dans ce domaine. Aujourd'hui, on reproche souvent à la
jeunesse d'être «apathique» et de se désintéresser
de la politique. Mais, en réalité, un certain nombre
d'études ont abouti à des conclusions contraires.
Ainsi, d'après des recherches effectuées par la
Commission européenne en 2001, les jeunes participent effectivement
à la société notamment dans le cadre d'associations
et de clubs de jeunesse. Dans les Etats membres de l'Union européenne,
plus de 50% des jeunes- en moyenne (et avec des différences
importantes d'un pays à l'autre) - participent à
une association de quelque type que ce soit ou en sont membres1.
En ce qui concerne les thèmes politiques, une étude
sur le point de vue des jeunes vis-à-vis de l'UE indique
que les droits de l'homme font partie des priorités de
la jeunesse. En troisième place après le chômage
et la criminalité, les jeunes souhaitent que le gouvernement
de leur pays traite des problèmes liés aux droits
de l'homme, à la protection de l'environnement, à
la lutte contre le racisme et à l'inégalité
entre les sexes2.
«Dans le cadre de votre expérience personnelle, avez-vous
constaté un désintérêt des jeunes vis-à-vis
de la politique? Si c'est le cas, quelles en sont les raisons,
selon vous?»
Au niveau mondial, l'expérience montre que les jeunes
sont prêts à s'investir et à s'engager
dans le domaine politique à condition d'une part d'être
en partie responsables de leurs actes et de leur apprentissage
et, d'autre part, que les thèmes politiques leur soient
présentés de manière intéressante
et pertinente.
En tant qu'éducateurs, nous devons canaliser l'énergie
des jeunes. Les nombreux programmes pour la jeunesse existants
- depuis ceux se situant à une échelle relativement
modeste et ayant un caractère ad hoc, dans les clubs
de jeunes ou à l'école, jusqu'aux grands programmes
internationaux menés par le Conseil de l'Europe et d'autres
organisations - prouvent clairement que les jeunes sont capables
de relever les défis qui leur sont proposés.
«Quel type de sujets est le plus susceptible d'éveiller
l'intérêt des membres de votre groupe?»
Cadres éducatifs
formels et non-formels
L'approche la plus adaptée en vue de faire participer
les apprenants et de structurer le processus éducatif dépend
dans une large mesure du cadre de travail de l'éducateur.
Il y aura plus ou moins de liberté quant au contenu, à
l'organisation temporelle et à la nature de l'activité
selon que le cadre éducatif est formel, informel ou non-formel.
Toutefois, les activités proposées par le présent
manuel ont été conçues avec suffisamment
de souplesse pour pouvoir s'adapter à tous les contextes
- c'est-à-dire aussi bien dans des clubs de jeunes qu'à
l'école, ou encore dans des camps de vacances, dans le
cadre de réunions informelles, etc. |
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«L'éducation est ce qui subsiste lorsque tout ce que l'on a appris
est oublié.»
B.F.Skinner
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L'éducation informelle désigne
un processus permanent, tout au long de la vie, par lequel chacun
adopte des comportements et des valeurs et acquiert des capacités
et des connaissances à partir des expériences et
ressources éducatives de son milieu ambiant, et de la vie
quotidienne (famille, voisinage, marchés, bibliothèque,
médias, milieu professionnel, loisirs, etc.).
L'éducation formelle renvoie au système
éducatif structuré, qui va du primaire à
l'université et qui englobe les programmes spécialisés
de formation technique et professionnelle.
L'éducation non-formelle recouvre tous les programmes
d'éducation individuelle et sociale destinés aux
jeunes et visant à améliorer globalement leurs aptitudes
et compétences, en dehors du cursus éducatif officiel.
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«l'apprentissage
[est]
un processus qui n'est pas uniquement lié à
l'école ou à d'autres contextes éducatifs
officiels. Le type d'apprentissage dont il est question ici est
fondé sur l'idée et la constatation du fait qu'un
très grand nombre de nos expériences éducatives
les plus significatives ont lieu à l'extérieur du
système officiel: sur le lieu de travail, au sein de la
famille, de différents types d'organisations, ou encore
dans le cadre de bibliothèques
»
Le Docteur Pasi Sahlberg dans l'ouvrage
Building Bridges for Learning - The Recognition and Value of Non-Formal
Éducation in Youth Activity
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L'éducation non-formelle, telle qu'elle
est pratiquée par de nombreuses organisations de jeunesse,
a les caractéristiques suivantes:
- elle est volontaire:
- accessible à tous;
- il s'agit d'un processus organisé à visée
éducative;
- elle est participative et centrée sur l'apprenant;
- elle vise à l'acquisition de capacités préparant
à la vie et à une citoyenneté active;
- elle est fondée sur un apprentissage aussi bien individuel
qu'en groupe, dans le cadre d'une approche globalement collective;
- elle est globale et structurée;
- elle est fondée sur l'action et l'expérience,
à partir des besoins des participants.
Ces différentes formes d'éducation - formelle,
non-formelle et informelle - sont complémentaires et se
renforcent mutuellement dans le cadre plus global de l'apprentissage
tout au long de la vie. Ce manuel n'a pas été conçu
comme un «cours» d'éducation aux droits de l'homme
et les activités individuelles peuvent bénéficier
à des contextes très différents, dans des
cadres plus ou moins formels, sur une base plus ou moins régulière.
L'éducation aux
droits de l'homme, tremplin de l'action
La base de toute éducation aux droits de l'homme est
le développement de la pensée critique et l'acquisition
de capacités à agir et à résoudre
les conflits. Deux des objectifs du présent manuel sont,
d'une part, l'incitation à des activités fondées
sur la solidarité et, de l'autre, l'organisation de manifestations
publiques - à la fois parce que ces deux objectifs sont
importants si l'on veut développer les aptitudes et capacités
liées à l'éducation aux droits de l'homme,
et parce qu'ils constituent en eux-mêmes un instrument d'élaboration
d'une culture positive des droits de l'homme. Les jeunes peuvent
directement agir sur le monde environnant - c'est l'un des thèmes
majeurs développés dans cet ouvrage. On trouvera
notamment un chapitre entier consacré à l'action
(le Chapitre 3) qui propose un ensemble d'idées simples
en ce qui concerne l'action collective dans le domaine des droits
de l'homme.
Outre cette partie très spécifique, toutes les
activités présentées dans le Chapitre 2 ont
été conçues dans le sens de l'acquisition
de quelques capacités majeures permettant d'organiser et
de réaliser des actions au sein de la collectivité.
Nous nous sommes efforcés d'adopter une approche pluraliste
et pratique (apprendre-en-agissant), conforme, par exemple,
aux recommandations du projet du Conseil de l'Europe intitulé
«L'éducation à la citoyenneté démocratique» .
Le présent ouvrage expose l'éducation aux droits
de l'homme en tant que pratique quotidienne qui doit se fonder
sur un apprentissage concret et actif, dans le but de mobiliser
des compétences et de susciter des initiatives se situant
dans le cadre d'un processus permanent et en perpétuelle
évolution. |
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«Ne
craignez jamais d'élever votre voix
contre l'injustice,
le mensonge et la cupidité. Si tout le monde
osait
le faire, cela changerait notre planète.»
William Faulkner
«L'histoire de l'humanité
est de plus en plus une course entre l'éducation et la
catastrophe générale.»
H.G.Wells
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Les recommandations ci-après, destinées
à s'insérer dans les politiques éducatives,
trouvent leur origine dans le projet «L'éducation
à la citoyenneté démocratique: une perspective
d'apprentissage tout au long de la vie» et se veulent un
soutien à ce processus naturel de changement:
- faire participer directement les éducateurs à
la conception, au suivi, à la mise en uvre et à
l'évaluation de leurs propres innovations pédagogiques;
- encourager la résolution de problèmes sociaux
concrets, à partir du savoir-faire et de l'expérience
pratique d'éducateurs ayant réfléchi au
sujet;
- promouvoir un changement éducatif à partir
de la base;
- uvrer à une plus grande autonomie des acteurs
éducatifs, afin de leur permettre de réaliser
des actions spécifiques, en liaison avec les collectivités
locales concernées, la société civile et
les partenaires sociaux;
- encourager la mise en réseau, les projets et activités
conjoints, et la communication entre éducateurs sur le
terrain et décideurs.
Le soutien de l'éducation
aux droits de l'homme à l'échelle internationale
Le Conseil de l'Europe
Pour les Etats membres du Conseil de l'Europe, les droits de
l'homme doivent largement dépasser le stade des déclarations:
les droits de l'homme font partie intégrante du cadre juridique
de ces pays et, par conséquent, doivent également
être une composante à part entière de l'éducation
des jeunes. Les nations européennes ont apporté
une contribution très importante à la déclaration
majeure du vingtième siècle en matière de
droits de l'homme - à savoir la «Déclaration
universelle des droits de l'homme» , adoptée par l'Assemblée
Générale des Nations Unies le 10 décembre
1948. La Convention européenne des Droits de l'Homme adoptée
deux ans plus tard, et qui a force de loi pour tous les Etats
membres du Conseil de l'Europe, s'est inspirée des principes
et de l'esprit du texte des Nations Unies.
La Recommandation No R (85) 7 aux Etats membres du Conseil de
l'Europe (adoptée le 14 mai 1985 par le Comité des
Ministres) concerne l'enseignement et l'apprentissage des droits
de l'homme à l'école. Ce texte stipule notamment
que tous les jeunes doivent s'initier aux droits de l'homme dans
le cadre de leur préparation à la vie dans une démocratie
pluraliste - approche progressivement adoptée par différentes
nations et institutions européennes.
Au niveau de l'Union européenne, lors d'une réunion
tenue à Luxembourg en décembre 1997, le Conseil
européen a recommandé que tous les Etats oeuvrent:
- au renforcement du rôle de la société
civile en matière de promotion et de protection des droits
de l'homme;
- à la promotion d'activités sur le terrain,
et à l'instauration d'une aide technique dans ce domaine
des droits de l'homme;
- au renforcement des programmes de formation et d'éducation
aux droits de l'homme.
La politique de la jeunesse
En avril 1998, les ministres européens de la Jeunesse,
réunis à Bucarest, s'accordaient sur les buts et
objectifs de la politique de jeunesse du Conseil de l'Europe3:
- encourager la vie associative et toute autre forme d'action
symbolisant la démocratie et le pluralisme, et aider
les jeunes à participer plus pleinement à la vie
de la collectivité;
- adapter les systèmes de partenariat actuels au changement
social, et à des types d'organisations de jeunesse ou
d'action liée à la jeunesse jusqu'à présent
sous-représentés, et développer encore
le concept de participation active des jeunes;
- tirer pleinement parti de la contribution appréciable
que les jeunes peuvent apporter en tant que citoyens actifs
et responsables;
- élaborer des projets d'éducation à la
citoyenneté permettant aux jeunes de participer plus
directement et plus efficacement à la vie de la collectivité,
et dans le respect des différences;
- mettre en uvre, depuis l'échelon local jusqu'au
niveau européen, des politiques de la jeunesse intersectorielles,
intégrées et cohérentes, fondées
sur les principes de la Convention européenne de sauvegarde
des Droits de l'Homme et des Libertés fondamentales et
de la Charte sociale européenne.
Les Nations Unies
En décembre 1994, l'Assemblée Générale
des Nations Unies proclamait officiellement la période
1995-2004 «Décennie de l'Éducation aux Droits
de l'Homme» . Cette décision intervenait à
la suite de l'une des Recommandations de la Conférence
mondiale des Droits de l'Homme, tenue à Vienne en 1993,
et disant que l'éducation aux droits de l'homme, la formation
et l'information des peuples dans ce domaine sont essentielles
à la promotion et à l'instauration de relations
stables et harmonieuses entre les communautés, et au renforcement
de la compréhension mutuelle, de la tolérance et
de la paix. La Conférence de Vienne recommandait notamment
aux Etats d'uvrer à l'éradication de l'analphabétisme
et à l'orientation de l'éducation dans le sens du
plein épanouissement individuel et du renforcement du respect
des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Les
participants à cette conférence invitaient également
les Etats et les institutions à incorporer les droits de
l'homme, le droit humanitaire, la démocratie et les règles
liées à un Etat de droit, en tant que disciplines
à part entière, dans les programmes de tous les
établissements éducatifs, aux niveaux formel et
non-formel. Plus récemment, en décembre 2004, l'Assemblée
Générale des Nations-Unies a proclamé un
Programme mondial pour l'Education aux droits de l'homme (à
partir de 2005). S'appuyant sur les résultats de la
Décennie des Nations-Unies pour l'Education aux droits
de l'homme, le programme mondial "cherche à promouvoir
une compréhension commune des principes essentiels et méthodologies
de l'Education aux droits de l'homme, à fournir un cadre
concret d'action ainsi qu'à renforcer partenariats et coopération
tant au niveau international que local".
L'UNESCO
Un autre domaine pertinent, à l'heure actuelle, est le
caractère de plus en plus multiculturel et multiconfessionnel
des sociétés modernes. Pour le concept d'éducation
pris dans sa globalité, il est capital, aussi bien à
l'intérieur de chaque société qu'entre les
diverses sociétés existantes, d'» apprendre
à vivre ensemble» - c'est ce que l'on a appelé
l'» utopie nécessaire» , recommandée par
le rapport de 1996 de l'UNESCO sur l'éducation au vingt
et unième siècle4. Les droits de l'homme
sont au cur de cette conception définie dans le rapport
de l'UNESCO en question - notamment par l'encouragement à
résoudre les conflits par la médiation et à
rechercher une approche commune des problèmes et des futures
orientations. Il est urgent et fondamental d'encourager une évolution
non violente des sociétés et des relations des différentes
sociétés entre elles. Cette approche doit être
au centre de toutes les initiatives d'éducation.
Références
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