Manuel pour la pratique de l’éducation aux droits de l’homme avec les enfants
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Calendrier des DH

25. Les mots qui blessent

Les coups font mal, les mots aussi !

Thèmes

Discrimination, Égalité entre les sexes, Violence

Niveau de complexité

Niveau 2

Âge

10-13 ans

Durée

60 minutes

Taille du groupe

5-20 enfants

Type d’activité

Élaboration d’une liste, identification de priorités, discussion

Aperçu

Les enfants donnent des exemples de propos blessants et analysent leurs causes et leurs effets.

Objectifs

• Réfléchir aux causes et aux effets des propos blessants
• Comprendre pourquoi les mêmes mots provoquent des réactions différentes
• Comprendre les limites de la liberté d’expression
• S’entraîner à réagir face à des propos blessants

Préparation

Copiez au tableau l’article 13 de la Convention des droits de l’enfant.

Matériels

• Des post-it ou des morceaux de papier et du ruban adhésif
• Tableau à feuilles mobiles et marqueur, ou tableau noir et craie
• Copie de l’article 13 de la Convention des droits de l’enfant

Instructions

  1. Écrivez et/ou lisez à voix haute l’article 13 de la Convention des droits de l’enfant (CDE). Faites remarquer que cet article reconnaît à l’enfant le droit à la liberté d’expression, mais restreint explicitement toute expression qui porte atteinte aux droits ou à la réputation d’autrui. Discutez de la liberté d’expression en posant des questions. Par exemple :
    1. Devrions-nous toujours avoir le droit de dire tout ce que nous voulons ?
    2. Doit-on mettre des limites à l’expression de nos opinions et de nos convictions ?
    3. Quels types de propos portent atteinte aux droits d’autrui ?
    4. Quels types de propos portent atteinte à la réputation d’autrui ?
  2. Expliquez que cette activité va permettre de réfléchir à certaines de ces questions.
  3. Distribuez à tous les enfants des morceaux de papier. Demandez-leur d’inscrire des propos blessants qu’ils ont entendu prononcer au sujet d’autres enfants ou des mots dont se servent les enfants pour s’injurier. Chaque mot ou propos devra être écrit sur un papier différent.
  4. Réalisez et accrochez au mur une échelle graduée sur le modèle ci-dessous, allant de « taquin/espiègle » à « extrêmement blessant/ dégradant ». Demandez aux enfants de placer les mots qu’ils ont inscrits dans la case qu’ils jugent la plus appropriée. Recommandez-leur de ne pas parler durant cette partie de l’activité.

 

<

taquin/
espiègle/
non blessant

légèrement
blessant /
dégradant

moyennement
blessant /
dégradant

très
blessant /
dégradant

extrêmement
blessant /
dégradant

        
  1. Demandez ensuite à chacun d’examiner l’échelle en silence. En général, les mêmes mots apparaissent à plusieurs reprises mais classés différemment au plan de leur gravité.

Débriefing et évaluation

  1. Quand les enfants se sont rassis, demandez-leur de décrire ce qu’ils ont remarqué, en orientant leur analyse par des questions telles que :
    • Certains mots apparaissent-ils dans plusieurs colonnes ?
    • À votre avis, pour quelles raisons certains d’entre vous considèrent-ils qu’un mot n’est pas blessant alors que d’autres pensent au contraire qu’il est douloureux ou dégradant ?
    • La manière dont on prononce un mot importe-t-elle ? Ou bien est-ce la personne qui le prononce ?
    • Pourquoi des personnes utilisent-elles des mots de ce genre ?
    • Blesser des personnes verbalement constitue-t-il une forme de violence ? Pourquoi ?
  2. Demandez aux enfants s’ils distinguent des points communs ou des catégories parmi ces mots blessants. Au fur et à mesure qu’ils identifient et mentionnent ces catégories (par exemple, propos touchant l’apparence et les capacités physiques, les caractéristiques mentales, la sexualité, la famille ou l’origine ethnique), inscrivez-les au tableau. Orientez leur analyse par des questions telles que :
    • Certains mots sont-ils réservés aux filles ? Aux garçons ?
    • Pourquoi pensez-vous que les propos blessants portent sur ces thèmes ?
    • À quels thèmes ou quelles catégories semblent appartenir les mots considérés comme les plus blessants ?
    • À partir de ces catégories, quelles conclusions pouvez-vous tirer concernant les propos blessants ?
  3. Demandez aux enfants de retirer leurs morceaux de papier du premier tableau et de les disposer sous le thème ou la catégorie qui leur correspond le mieux. Vous pouvez ajouter une catégorie « Autre ». Lorsque les enfants sont rassis, posez des questions comme celles-ci :
    • Quelles sont les catégories qui recueillent le plus grand nombre de papiers ? Comment l’expliquez-vous ?
    • Les propos considérés comme les plus blessants se classent-ils dans des catégories spécifiques ?
    • Ne répondez pas à haute voix, mais réfléchissez : les mots que vous employez vous-même se classent-ils dans une catégorie spécifique ?
    • Répartissez la classe en petits groupes et donnez à chacun plusieurs papiers sur lesquels sont écrits les mots jugés les plus blessants. Demandez à un enfant de chaque groupe de lire le premier mot ou la première phrase. Le groupe doit admettre qu’il s’agit d’un commentaire blessant et se demander : 1) si on a le droit de dire de telles choses, et 2) comment il faut réagir lorsque cela se produit. Répétez l’exercice pour chaque mot ou phrase.
  4. Demandez aux enfants de présenter leurs conclusions à l’issue de l’étape 3. Rattachez les propos blessants aux responsabilités relatives aux droits de l’homme en posant des questions comme celles-ci :
    • Les adultes ont-ils la responsabilité d’empêcher les propos blessants ? Si oui, pourquoi ?
    • Les enfants ont-ils la responsabilité d’empêcher les propos blessants dans leur propre vie ? Si oui, pourquoi ?
    • Que pouvez-vous faire pour empêcher les propos blessants dans votre entourage ?
    • Pourquoi est-ce important de le faire ?
    • En quoi le recours à des paroles blessantes constitue-t-il une atteinte aux droits fondamentaux de la personne visée ?

Suggestions de suivi

  • Approfondissez la discussion sur les moyens dont disposent les enfants pour lutter contre les propos blessants. Traitez sous forme de jeux de rôles des situations dans lesquelles des insultes sont proférées et laissez les enfants expérimenter ensemble les façons d’y répondre.
  • L’activité « Du spectateur au sauveteur » (p. 73) permet aux enfants de réfléchir à ce qu’ils peuvent faire individuellement pour intervenir face à des comportements blessants.

Idées d’action

  • Utilisez cette activité pour discuter de la manière dont les enfants s’expriment au sein de ce groupe. Y a-t-il des mots que, de l’avis général, il ne faudrait pas utiliser ?
  • Si votre groupe a déjà établi ses propres règles, envisagez l’ajout d’une clause concernant les propos blessants.

Conseils pour l’animateur

  • Cette activité requiert de la part de l’animateur du discernement et de la sensibilité. Bien que les enfants connaissent des « gros mots » dès le plus jeune âge, ils en parlent rarement avec les adultes. Les étapes 2 à 4 risquent de susciter de la gêne et des rires nerveux. Les enfants auront besoin que vous les rassuriez en leur expliquant que, dans le présent contexte, ils peuvent prononcer ces mots en public. Il s’agit non pas d’« utiliser » ces mots, mais d’en discuter.
  • Il est préférable de ne pas prononcer ces mots mais de les mentionner par écrit, excepté lors du débriefing à l’étape 3, lorsque les enfants déterminent si un mot est acceptable ou non.
  • L’un des principaux aspects éducatifs de cette activité est de démontrer que des mots identiques peuvent susciter des sentiments différents, c’est-à-dire qu’un mot considéré comme espiègle par un enfant sera ressenti comme blessant par un autre. Ne laissez pas le groupe mettre en cause la sensibilité d’un enfant à un mot que d’autres jugent inoffensif. En pareil cas, il peut être bon de passer plus de temps à explorer les facteurs qui sensibilise une personne à certains propos.
  • Cette activité n’est pas recommandée pour des groupes composés d’enfants d’âges très différents. Ayez conscience que quelques enfants, les plus jeunes notamment, ne comprendraient pas la signification de certains mots, particulièrement ceux qui ont trait à la sexualité ou à un comportement sexuel. Adaptez soigneusement cet exercice à votre groupe.
  • Le débriefing est essentiel dans cette activité. Accordez aux enfants assez de temps pour déterminer leurs propres catégories et tirer leurs propres conclusions, sinon le lien avec les droits de l’homme restera très vague.

Adaptation pour les plus jeunes

  • Cette activité peut être adaptée à des enfants plus jeunes (de 8 à 10 ans, voire plus jeunes) en omettant l’instruction 1 et en se limitant à la question 1 du débriefing. Concluez en réfléchissant avec le groupe aux moyens d’empêcher l’utilisation de mots blessants.

Adaptations

  • Pour les plus grands : l’activité peut être menée sur plusieurs jours. Par exemple, en réalisant l’activité et les étapes 1 et 2 du débriefing le premier jour, et les étapes 3 et 4 un autre jour, de manière à laisser aux enfants le temps d’assimiler ce qu’ils ont appris et de commencer à observer de manière plus avertie le monde qui les entoure.
  • Pour les plus jeunes : l’étape 1 du débriefing peut être suffisante. Faites-la suivre de jeux de rôles sur les façons de réagir à des propos blessants.