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La sécurité humaine Médias La paix et la violence
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Le calendrier des droits de l'homme
 

Date clé

le 10 décembre
Journée des droits de l'homme

 

49 méthodes et activités pratiques pour l'éducation aux droits de l'homme > Quand demain prappera à la porte

Quand demain prappera à la porte

«Si tu juges les autres comme ce système t'a jugé, tu ne vaux guère mieux que ceux qui t'ont condamné à mort.» Dwight Adanandus
Thèmes La sécurité humaine, Médias, La paix et la violence
Complexité Niveau 3
Taille du groupe Any
Durée 60 minutes
Aperçu À travers des fiches d'informations et la discussion, cette activité aborde des questions liées à:
  • Les droits des criminels
  • La peine de mort
  • La protection de la société contre les criminels
Droits corrélés
  • Le droit à la vie
  • Le droit à ne pas être soumis à un traitement cruel, inhumain ou dégradant
Objectifs
  • Étudier nos préjugés vis-à-vis des criminels et réfléchir à certaines implications de la peine de mort
  • Avoir conscience de nos capacités d'écoute et de notre «interprétation» des informations que nous recevons
  • Promouvoir le sens de la dignité humaine et de la justice
Matériels
  • Exemplaires du document «Quand demain frappera à la porte»; un exemplaire par participant
  • Une feuille de papier et un crayon par participant

Instructions

Partie 1.

  1. Lisez au groupe la partie 1 de Quand demain frappera à la porte à haute voix. Ensuite, laissez environ 5 minutes aux participants pour leur permettre de se rappeler les points principaux et de les noter avec leurs propres mots. Demandez-leur alors d'échanger leur feuille avec celle du voisin, de lire les notes de celui-ci et d'en discuter.
  2. Invitez des volontaires à lire leurs notes. Analysez les différences entre les versions: certains participants ont-ils retenu plus de détails que d'autres? Certains ont-ils inventé des détails qui n'étaient pas mentionnés dans le texte que vous avez lu?
  3. Demandez aux participants quelle a été leur réaction à l'histoire. Qui est le narrateur? Que lui est-il arrivé?

Partie 2.

  1. Lisez la coupure de presse et la deuxième partie du récit de Dwight.
  2. Laissez à présent 10-15 minutes aux participants pour leur permettre de discuter des nouvelles informations avec leurs partenaires. Remettez-leur des exemplaires de Quand demain frappera à la porte, au cas où ils souhaiteraient revenir sur certains points du texte.
  3. Demandez-leur de réfléchir aux deux questions suivantes:
    • Votre opinion de Dwight ou de Nanon a-t-elle changé lorsque vous avez su qu'ils se trouvaient dans le couloir de la mort? En quoi a-t-elle changé? Pourquoi?
    • · À votre avis, que veut dire Dwight par «Si tu juges les autres comme ce système t'a jugé, tu ne vaux guère mieux que ceux qui t'ont condamné à mort!»? Êtes-vous d'accord avec lui?
  4. Élargissez le débat général et rassemblez les informations des paires de participants sur ces questions.

Compte rendu et évaluation

Cette activité peut servir à susciter des questions intéressantes qui formeront le point de départ d'activités ou de débats ultérieurs. Néanmoins, lors du compte rendu, il convient de s'en tenir aux sujets déjà évoqués par les groupes plutôt que d'ouvrir des thèmes tout à fait nouveaux (voir ci-dessous, les conseils pour l'animateur).

  • L'activité vous a-t-elle révélé quelque chose sur vous-même? Vous a-t-elle amené à réviser une de vos opinions ou de vos convictions précédentes?
  • À votre avis, que tentait d'illustrer l'activité? A-t-elle atteint ce but et, dans le cas contraire, pourquoi?
  • Que vous inspire l'activité concernant le droit à la vie? Durant la discussion, d'autres questions de droit ont-elles été soulevées?

Notez ces questions sur une grande feuille de papier ou sur le tableau-papier; elles vous serviront plus tard.

Conseils pour l'animateur

Lors de la première discussion (après la lecture de la première partie), veillez à ne pas donner d'indice aux participants concernant la situation des deux hommes. Essayez d'amener les participants à livrer leurs impressions sur les personnages du récit sans leur faire comprendre que vous poursuivez une fin spécifique. Le but est que les participants s'attachent aux côtés humains des deux hommes, sans rien connaître de leur situation ou de leur histoire passée.

L'échange de notes entre participants, qui a lieu à la fin de la première étape, vise à leur montrer que les perceptions et les souvenirs que l'on a de la lecture d'une même information peuvent varier. Insistez pour que l'exercice ne soit pas perçu comme un «test», afin que les participants n'éprouvent pas de gêne à cause de leurs notes et qu'ils comprennent plutôt que c'est là une manière de présenter différents points de vue. Sollicitez les commentaires de ceux dont le récit diffère beaucoup de celui de leur voisin. Tâchez d'en découvrir la raison - pourquoi, par exemple, certains participants ont retenu des informations oubliées par d'autres.

Le nombre de questions découlant de l'activité sera probablement trop important pour une seule séance. Tâchez néanmoins de maintenir la discussion à l'intérieur du cadre proposé plutôt que de permettre aux participants de se lancer - par exemple - dans un débat sur la peine de mort. Essayez d'axer la discussion autour de deux points essentiels:

  1. L'État, et chacun de nous, est enclin à «juger» les gens sur la base d'une action qu'ils sont censés avoir commise. C'est probablement ce que Dwight veut dire lorsqu'il parle de ne pas «juger» les autres comme l'État l'a jugé (lui, mais aussi Nanon). En effet, l'État a fait une croix sur eux en tant qu'êtres humains à cause d'une action qu'ils sont censés avoir commise.
  2. Même les «criminels endurcis» possèdent et conservent les caractéristiques humaines qui leur sont inhérentes - non seulement «la bienveillance et la compassion» évoquées par Dwight, mais aussi «la frustration et la dépression» décrites par Nanon et causées par son incarcération.
  3. Lorsque vous discutez de la question du «droit à la vie», orientez la discussion sur la question de savoir si ces deux hommes ont le droit de vivre. Si la réponse est non, comment quelqu'un peut-il «perdre» ce droit? Qui a, par exemple, l'autorité de nier ce droit à d'autres citoyens, même s'ils ont commis un crime?

Suggestions de suivi

 

pprofondissez les questions soulevées à la fin de l'activité. Organisez un débat formel ou servez-vous de la méthode «La campagne électorale». Les sujets peuvent porter sur:

  • Les questions liées à la peine: A quoi cela sert-il d'enfermer les criminels et/ou de les exécuter? Cela sert-il à protéger la société, à changer le comportement des criminels ou à se venger?
  • La peine de mort: Quels sont les arguments pour et contre la peine de mort?
  • La sécurité de la nation par opposition à la sécurité de la personne: Quelles sont les limites au traitement qu'un gouvernement peut infliger aux pires criminels ou terroristes? Peut-on par exemple justifier la torture lorsque la «sécurité de la nation» est en jeu?

Vous pouvez jeter un coup d'œil au site personnel de Nanon, à l'adresse: http://home4.inet.tele.dk/lepan/lene/nanon/.

Idées d'action

Visitez le site de la coalition canadienne contre la peine de mort sur lequel vous trouverez d'autres textes de prisonniers (http://ccadp.org/francais.htm et http://www.ccadp.org). Écrivez ensuite à un prisonnier qui se trouve dans le couloir de la mort (le site de la coalition canadienne contre la peine de mort contient des informations sur la procédure à suivre pour devenir un correspondant) ou prenez contact avec votre branche locale d'Amnesty International.

Note: Vous trouverez le texte complet («When tomorrow comes») en anglais sur le site de la coalition canadienne contre la peine de mort, à l'adresse http://www.ccadp.org.

 Documents
 

Quand demain frappera à la porte, par Nanon Williams

Première partie

Le lendemain de la mort de Dwight Adanandus, j'ai commencé à voir la vie d'une manière très différente de ce qu'elle est, ou devrais-je dire, de ce que je souhaitais qu'elle soit. C'était au début de l'hiver et, quand je pense à cet ami qui souriait lorsque les jours semblaient si nombreux, je me sens tourmenté. Je me suis tout doucement penché pour saisir le journal qui avait été glissé sous la porte, il racontait son histoire.

Alors que je lisais son histoire, en sachant que je ne le reverrais plus jamais, c'était comme si quelqu'un ne cessait de m'enfoncer des aiguilles dans la tête. Parfois, Dwight arrivait dans la cour en se dodelinant et me criait: «Quoi de neuf, jeunot?» Alors, je regardais autour de moi et je lui répondais: «Eh mec, c'est moi que tu appelles jeunot ?», et nous pouffions de rire parce que j'étais le plus jeune du quartier. Quand je pense à ces moments-là, une grande tristesse m'envahit et Dwight n'est plus là pour effacer ces plis qui rident mon visage quand j'ai la rage.

Au fil des ans, mes méthodes pour tuer le temps ont changé, mais j'espère qu'un jour ces nouvelles méthodes feront de moi un homme meilleur, comme Dwight. Pendant mes moments de désespoir, je me surprends toujours à me demander ce que Dwight aurait fait.

«Souviens-toi», me disait-il, «le système ne peut t'atteindre que si tu le lui permets. Fais la paix avec ton Dieu, quel qu'il soit, et commence à vivre la vie du mieux que tu peux et à l'apprécier.» Et Dwight de poursuivre: «Jeunot, j'ignore la raison pour laquelle tu te trouves ici, mais je sais que ce n'est pas ta place …»

Seconde partie

«... En fait, ici, dans le couloir de la mort, ce n'est la place de personne. Il y a des violeurs, des kidnappeurs, des voleurs, des pervers et des sadiques qui se fichent pas mal de toi. Néanmoins, il y a aussi des gens bienveillants et compatissants, qui ont commis des actes semblables mais qui ont trouvé le moyen de changer et je voudrais que tu ne l'oublies pas», m'a-t-il dit quelques semaines avant son exécution. «Si tu dois retenir une seule chose, c'est celle-ci. Si tu juges les autres comme ce système t'a jugé, tu ne vaux guère mieux que ceux qui t'ont condamné à mort!» Alors que ces mots résonnent dans ma tête, je me demande pourquoi j'ai mis si longtemps à comprendre ce qu'il voulait dire. Bien sûr, j'ai entendu ce qu'il m'a dit et c'était logique, mais trouver ces paroles logiques et saisir tout à fait leur signification étaient deux choses tout à fait différentes. J'imagine que j'étais effectivement, à l'époque, ce jeunot qu'il avait l'habitude d'apostropher, mais la vérité fait mal quand on prend enfin le temps de la regarder en face.

Je sais que l'incarcération est une arme de torture purement psychologique, qui provoque la frustration avant que la dépression ne s'installe, mais d'une manière ou d'une autre l'esprit et la volonté subsistent chez un petit nombre d'entre nous. Dwight avait cet esprit, peu importe ce qu'il avait fait pour aboutir au couloir de la mort. C'est avec cet esprit qu'il a changé la vie d'autres individus qui pourrissent vivants dans le cimetière du système. «Je sais que ce n'est pas facile jeunot», disait-il. «Mais personne n'a jamais dit que la vie était facile. Prends le jour comme il vient et tant que tu verras briller une lueur au bout du chemin, laisse-toi guider par cette force», telles ont été les dernières paroles qu'il m'a adressées, les larmes aux yeux, alors qu'il faisait ses derniers adieux. Je n'ose pas expliquer ce que cela signifie pour moi, car j'imagine qu'il me l'a dit pour que je trouve ma propre force, qui me soutient depuis des années et probablement pour des années encore. Je n'ai jamais renoncé aux principes ou aux choses auxquels je tiens le plus dans la vie - comme ma famille - ni au fait que, quand demain frappera réellement à la porte, je trouverai l'amour et le paradis.

Nanon Williams a été condamné à mort par l'État du Texas à l'âge de 17 ans pour meurtre au premier degré. Il nie les faits qui lui sont reprochés et vient de passer neuf années dans le couloir de la mort. www.ccadp.org.

 

Coupure de presse

Huntsville - le 2 octobre 1997. Dans la nuit de mercredi, un voleur a été exécuté pour avoir abattu un homme d'affaires de San Antonio qui avait tenté de l'empêcher de fuir lors d'un cambriolage de banque, il y a neuf ans. Adanandus, âgé de 41 ans, se trouvait dans le couloir de la mort pour avoir tué Vernon Hanan d'une balle dans la poitrine, le 28 janvier 1988, alors qu'il luttait contre lui dans l'entrée d'une banque de San Antonio.

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